L’AIGS repose sur le principe vivant de l’association qui unit ses membres sur un plan égalitaire, tout en conciliant les différences dans la perspective d’égalité, de liberté, de justice, de solidarité entre la population et les bénéficiaires.
Ce principe associatif s’applique tout autant aux approches scientifiques, méthodologiques et pratiques auxquelles les disciplines professionnelles se réfèrent dans les sciences sociales et humaines.
La vocation sanitaire de l’AIGS s’est progressivement élargie à des besoins différents en réponse à une société en mutation. Elle a interprété le concept sanitaire sur un plan global.
Son action actuelle s’étend à la réadaptation psychosociale, au champ du travail, à la création artistique, au développement culturel, aux pratiques liées à l’écologie sociale, à la formation continue des travailleurs et au développement d’un réseau social européen participant à la construction de l’Europe sociale.
L’AIGS se considère au sein de la société. Elle instrumentalise ses objectifs en utilisant tantôt les vertus d’une approche collective au profit de la personne et tantôt les approches personnelles en tenant compte de la dimension et de l’intérêt collectif. Elle répond par-là aux principes qui régissent la citoyenneté que l’on peut représenter à travers des notions d’intégration sociale et économique de toute personne quelles que soient ses différences personnelles, physiques, culturelles ou mentales. Pour cela, elle met tout en oeuvre pour favoriser l’égalité des chances des citoyens et de non-discrimination pour accéder aux ressources de la communauté. Elle inscrit de manière prioritaire la qualité de vie comme perspective prioritaire dans la société multiculturelle des années dès le troisième millénaire.
Les Golden Sixties, mais aussi la mort de Kennedy et, déjà, avec elle, la fin d’un rêve, de l’insouciance ; l’amorce d’un sentiment d’insécurité qui conduira lentement vers mai ’68 puis vers la crise économique, 10 ans plus tard.
En Belgique : la loi sur l’assurance-maladie-invalidité, mais déjà la prise de conscience que la sécurité sociale ne pourra résoudre tous les problèmes.
A Vottem, jadis terre de maraîchers, au cœur du bassin minier et sidérurgique liégeois, des mandataires locaux de la Commission d’Assistance publique ont exprimé leur volonté politique de rencontrer les problèmes de santé mentale sur le territoire de la Commune. Ils avaient été sensibilisés par des techniciens qui démontrèrent la faisabilité d’un projet de Centre de Guidance.
Parmi eux figurait Willy DUCHAMPS, secrétaire de la C.A.P. et Marc GARCET, jeune assistant social.
François NOPPENS, à l’époque Bourgmestre de Vottem, commune de 8.000 habitants, était aussi instituteur. Son expérience professionnelle ne fit qu’alimenter sa volonté politique.
Enfin, Henri MALCHAIR, Président de la CAP et ancien animateur de mouvements de jeunesse y était lui aussi tout acquis.
Tous les membres du Conseil communal et de la CAP furent associés à la création de l’ASBL « Centre de Guidance et Dispensaire d’Hygiène Mentale pour Enfants et Adolescents » en 1963 et devinrent administrateurs.
- François NOPPENS en était le Président et le resta jusqu’en 1989
- Henri MALCHAIR était Vice-Président
- Willy DUCHAMPS était Secrétaire
- Raymond JAMAR était Trésorier
- Gilbert GILOT, ancien commissaire de police de Vottem, était Commissaire aux comptes
Avec le Dr Jean CHANTRAINE, Monsieur JOBE et Marc GARCET, la première équipe était formée.
Les Golden Sixties et pourtant, la situation n’est pas rose dans nos régions ! fin des charbonnages, fin des motoristes, déclin de la sidérurgie... mais nous bénéficions de la stimulation politique de toute l’Europe, où prévaut l’esprit d’initiative. Ainsi notre démarche fut-elle bien comprise, s’agissant de hausser le niveau socio-culturel de la population et plus particulièrement des enfants et des familles à risques. La pauvreté des travailleurs peu qualifiés, le chômage en augmentation progressive, la mauvaise qualité de l’habitat, le manque d’intégration culturelle des populations immigrées, engendraient des problèmes grandissants de scolarité des enfants. Notre approche psycho-sociale se développa et des techniques nouvelles de rééducation prirent place... on parla de psychothérapie d’enfants... Un nouveau langage se répandit progressivement. A des problèmes historiquement classés dans l’hérédité sociale, le Centre de Guidance apportait des remédiations psycho-sociales et rééducatives.
Il nous fallait alors combattre les résistances, démonter les scepticismes, ignorer les ricanements, mais néanmoins convaincre, pour trouver les fonds publics nécessaires au fonctionnement. En effet, le Centre fonctionnait grâce au semi-bénévolat. La volonté des mandataires et des techniciens devait faire preuve de créativité pour trouver de meilleures solutions. Et elles furent trouvées !
C’est une autre date charnière. L’Association Intercommunale de Guidance et de Santé est créée. Marc GARCET en est le Directeur - Gérant et le Docteur Jacques CHARLIER occupe le poste de Directeur médical.
Le fonctionnement du Centre de Guidance de Vottem est confronté à un nombre de plus en plus important de demandes. Si elle est ainsi dans une situation parfois critique, la structure a démontré sa pertinence.
En effet, durant les années suivantes, des mandataires d’autres communes demandent à bénéficier sur leur territoire de ces nouvelles interventions médico-psycho-sociales.
De nombreuses communes des arrondissements de Liège et de Waremme, région plus rurale, demandent à être associées. Rita HANOT, première Echevine de Waremme, sera en Hesbaye le meilleur ambassadeur de l’Association, dont elle occupera la Vice-Présidence de 1978 à 1993.
L’apport de Monsieur JONCKEER, Commissaire d’Arrondissement fut déterminant pour constituer cette large ASBL intercommunale.
C’est la fusion des communes et la transformation des C.A.P. en Centres Publics d’Aide Sociale (C.P.A.S.).
Ces nouvelles structures locales furent alors nombreuses à s’intéresser à la convention proposée par l’A.I.G.S. pour le développement d’un autre secteur qui allait fonctionner pendant 15 ans : le service des soins à domicile, bientôt assorti d’un service de bio-télé-vigilance qui poursuit toujours ses activités au bénéfice des seniors.
Il s’agissait d’une nouvelle démonstration que les problèmes de santé des populations doivent se régler dans la proximité familiale et sociale.
L’AIGS apportait une offre de service spécialisée, qui s’articulait sur les missions généralistes des structures publiques locales, Communes et C.P.A.S., dans l’organisation de la démocratie sociale sur le terrain.
Mais le contexte socio-économique avait entre-temps évolué.
La « crise », qui couvait, en avait surpris plus d’un au début des années ’70, mettant en avant la problématique du chômage.
La région liégeoise, en mal de restructuration, allait payer un tribut particulièrement lourd. Dans la conscience collective, « nos estons fîrs de noss pitite patreye » devenait le « ley’im ploré » dont il est encore bien difficile de sortir aujourd’hui.
Cette morosité, ce malaise, cette dépression se traduisirent dans les consultations d’enfants et d’adultes, ce dernier secteur se développant alors considérablement.
L’AIGS s’était jusqu’à ce moment consacrée à la santé en créant des services de santé mentale, des centres de réadaptation fonctionnelle, un I.M.P. pour accueillir les enfants handicapés en mal d’intégration scolaire, un centre de jour pour adultes, les soins à domicile,...
Force fût de constater, dès les années ’80, qu’il fallait également agir directement en termes de formation et d’insertion socio-professionnelle, particulièrement en faveur des personnes défavorisées et handicapées.
Les concours du Fonds Social Européen allaient largement contribuer à la mise en place de ce nouveau secteur au sein de l’AIGS. Il est aujourd’hui bien structuré et bénéficie d’agréments récurrents.
Les apports de l’Europe allaient d’ailleurs prendre une place considérable dans le fonctionnement de l’Association. L’AIGS élargissait ses partenariats locaux à de nouvelles coopérations avec des partenaires de différents pays. Vecteurs de bonnes pratiques, ces projets transnationaux ont eu des retombées incalculables sur la qualité de notre travail.
Les années 1990 ont amené une modification du nom. L’AIGS est devenue l’Association Interrégionale de Guidance et de Santé.
Marcel WILMOTTE, Echevin à St Nicolas, et Claudine MARCOTTY, Echevine à Herstal, vont alors assurer la Présidence successivement (de 1990 à 1995 et de 1995 à 2001).
Mais ces années ont aussi vu naître de multiples innovations, s’agissant notamment de prendre en compte les « maladies sociales » liées à la toxicomanie et diverses formes de violence ou maltraitance, que ce soit par des réponses curatives ou préventives, notamment avec les jeunes.
A l’approche de l’an 2000, les concepts de développement local, de création socio-culturelle, d’écologie sociale, de développement durable et d’économie sociale ouvrent de nouveaux chantiers d’expérimentation vivifiants mis en oeuvre sur des sites porteurs de mémoire collective dans les vallées du Geer, de la Meuse et de la Vesdre.
Toutes ces mutations ont engendré la création d’ASBL spécifiques dans le giron de ce qui est désormais, en termes juridiques, « l’Unité Technique d’Exploitation AIGS ».
D’autres challenges nous sont dès lors présentés pour gérer une telle entreprise : la rencontre des objectifs des Conseils d'Administration, le bien-être des travailleurs, le meilleur service aux usagers, soit la mise en oeuvre d’un processus de qualité. Mais encore : la formation continuée des personnels, la multiculturalité dans les services, l’assimilation des technologies nouvelles, la participation des usagers, une gestion administrative et financière claire et sans failles, la coordination enfin...
Ce sont 40 ans d’activité intense, de nouveaux projets, de luttes parfois ponctuées de déceptions, mais le plus souvent porteuses d’espoirs nouveaux, ceci malgré la grande misère du secteur non marchand et du social en particulier.
L’année 2005 a été un grand moment de regroupement interne.
La mise en oeuvre et l’activation du réseau AIGS ont été l’expression. La coopération entre services au sein de chaque secteur d’activités et chaque secteur d’activités entre eux constitue le moteur d’une nouvelle dynamique.
Nous avons aussi reconsidéré l’aspect local par la coopération régionale entre tous les services en y incluant les services publics, communes et CPAS au service d’une politique de développement local, de cohésion sociale et de service à la population.
2006 a surtout été l’année du développement de l’économie sociale. Celle-ci déploie ses effets au profit des populations précarisées dans des situations d’allocataires sociaux.
Les effets secondaires de l’état dit « de providence » ont fixé un nombre important de personnes dans des situations de dépendance avec la perte des habiletés propres au travail et à la vie sociale.
C’est la fonction de l’économie sociale de remettre, par les voies d’une activation au travail assisté, ces personnes dans les circuits de travail. Ce sont généralement les mêmes personnes que celles que nous retrouvons dans les Centres de Réadaptation Fonctionnelle ou dans les Services de Santé Mentale. Seule l’approche est différente.
Nous savons tous que l’objectif de tous les services est l’insertion, l’intégration, l’inclusion de tous les citoyens qui se réfèrent à nous dans la vie sociale, comme acteurs à part entière en tenant compte de leurs moyens propres et en considérant leur épanouissement et les vertus dont ils sont porteurs.
Les services thérapeutiques et la réadaptation psycho-sociale y participent.
En 2007, nous avons renforcé la dimension sociologique et psychosociale des formations professionnelles. La transversalité a été une des préoccupations principales et générales de la direction.
L’année 2007 a été aussi fortement influencée par la réécriture de l’organigramme directionnel de l’entreprise dont la formalisation a vu le jour le 1er janvier 2008.
Le bilan général de l’année 2007 est quasi le frère de l’année 2006.
Une très grande stabilité des populations est enregistrée.
Nous pourrons aborder ultérieurement les caractéristiques de chacun des secteurs.
L’année 2008 a vu se constituer le « secteur socio-éducatif » en une méthodologie performante d’éducation permanente à la citoyenneté et la responsabilité sociale des jeunes.
Nous avons insufflé, dans ses activités, les principes d’écologie sociale, produit d’études internes antérieures. Le volume d’activité « stages » a largement augmenté, la qualité aussi.
Nous avons ouvert notre plus grande attention aux publics migrants, primo-arrivants par la création du VIDA.
De manière générale, l’AIGS s’est largement investie dans la mise en œuvre de la cohésion sociale comme une nouvelle forme de citoyenneté et de gestion de la collectivité.
Cette réflexion a permis un nouveau rapprochement avec les prérogatives sociales des communes et des CPAS.
La stratégie de l’AIGS et de ses directions a impulsé des concepts de globalité dans l’approche de la santé sociale, mentale, physique et de qualité de vie, portés par le réseau AIGS.
La direction a pu faire valoir sa cohérence et mobiliser les énergies des uns et des autres.
Le réseau informatique a soutenu nos progrès durant ces cinq dernières années. Il a donné le maximum de ses possibilités et sera amené à se mettre au service des nouvelles organisations.
L’AIGS doit gérer la globalité des ressources humaines, institutionnelles et patrimoniales au service d’une rentabilité sociale qu’elle tente à affiner et à faire valoir à tous les échelons des services qu’elle dispense. Depuis deux ans, la « rentabilité sociale » est en augmentation. Son objectif est mesuré par la plus-value que chaque service, en fonction de sa finalité, apporte à ses utilisateurs : plus-value pour la personne, sa famille et plus-value par rapport à la société.
Avec ses 15.000 clients individuels et ses 200.000 usagers publics, l’AIGS est une instance dont la fonction socio-sanitaire est importante dans le secteur géographique de la Province de Liège. Nous sommes conscients de la responsabilité que nous avons par rapport à la révélation des besoins ainsi que la mise en oeuvre de propositions d’actions pour y répondre. Nous avons ainsi pu identifier de manière dramatique l’absence d’aide réadaptative et médico-psycho-sociale aux personnes âgées. Hormis l’aide médicale traditionnelle et l’aide sociale, les citoyens de plus de 65 ans ne bénéficient que de moyens tout à fait insuffisant pour leur permettre de faire face aux problèmes de santé mentale et de réadaptation indispensable liés à l’âge, à l’intégration sociale et au dialogue intergénérationnel.
Ce chantier ne concerne pas uniquement l’AIGS. Il témoigne de la discrimination que fait la société à l’égard de cette population sans sous-estimer l’apport considérable des médicaments et de la politique institutionnelle de création de maisons de repos. Nous savons que cela est largement insuffisant par rapport aux besoins de qualité de vie, de reconnaissance, de dignité sociale et humaine que nous devons assurer aux personnes de plus de 80 ans.
En 2010, l’éducation socio-sanitaire s’est affirmée comme une nouvelle branche des activités de l’UTE-AIGS.
Nous avons initié un programme d’éducation socio-sanitaire à l’intention des familles avec le support Internet. Ce programme porte l’appellation générique de « Parentissage ». Nous savons déjà que ce programme rencontre un très net succès auprès d’un très large public. Cette nouvelle branche d’action nous incite à poursuivre dans ce sens en touchant d’autres finalités socio-éducatives couvrant le champ de l’éducation et des rapports intergénérationnels.
La stratégie de l’AIGS, de ses directions et de son réseau s’inscrit dans l’amplification du concept de globalité dans l’approche de la santé physique et mentale, de la qualité de vie et des valeurs démocratiques pour tous.
Nous avons entamé une réforme intérieure du réseau informatique permettant l’informatisation des dossiers individuels et collectifs, leur évaluation et le calcul de leur rentabilité sociale.
L’Université d’Eté, par ses sessions annuelles, assure la valorisation de la culture et la dispersion des savoirs, des connaissances et des pratiques. Elle unifie la culture des valeurs de l’entreprise.
En collaboration avec les Editions L'Harmattan de Paris, la collection « Au Carrefour du Social », dirigée par l’AIGS , veut promouvoir son modèle et offrir une réflexion ou des rapports de ses pratiques et de ses innovations. Dans cette collection, huit ouvrages ont déjà été édités .
La mise en oeuvre de la « priorité à la petite enfance » a été enracinée dans les services de santé mentale.
Une Commission enfance « Cigogne » fédère les services « petite enfance » de l’AIGS.
Ces initiatives constituent les bases de développement élargi à l’avenir, partagé par un plus grand nombre de services. Cette nouvelle initiative s’inscrit pleinement dans l’agenda de la réorganisation du secteur infanto-juvénile et dont les rapports du KCE et du CNEH mettent en avant l’importance de l’approche communautaire et de proximité.
L’affirmation du secteur socio-éducatif prolonge la priorité « petite enfance » en professionnalisant davantage les stages vacances éducatives pour enfants. L’interaction dans la mise en oeuvre des « classes vivantes » poursuit le même objectif socio-éducatif en soulignant le déterminisme d’une prévention primaire ciblée et en fondant plus solidement les socles de compétences psychosociales.